L’héritage d’Escher

Escher, passionné de mathématiques et de dessin, a réussi à relier les deux par une passerelle où le faux semblant va être sa marque de fabrique. Escher a eu comme inspiration la fameuse Alhambra de Grenade en Andalousie avec ses motifs géométriques utilisant des pavages avec de multiples translations, symétries et rotations. Escher perfectionne son art et va peu à peu le pousser jusqu’à l’obsession avec des concepts comme l’infini ou la métamorphose. Il va aussi se rapprocher d’un certain mystère, voire malaise en créant son œuvre phare, Relativity. Mais comment Escher a-t-il fait pour toucher à la fois ses contemporains et les générations suivantes avec ses œuvres ?
Culture populaire
Relativity, sa lithographie la plus connue représentant des escaliers soumis à différentes gravités, a été réintroduite à de nombreuses reprises, par des artistes exerçants dans de multiples domaines comme la musique, le cinéma, les jeux vidéos et les séries. Cette œuvre se trouve gravée dans la culture populaire.
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Nous pouvons citer par exemple la saga Harry Potter, dans laquelle les escaliers sont très certainement inspirés de cette lithographie. Dans la série animée Familly guys, Maurits Cornelius Escher est représenté faisant un morceau de rap (MC Escher). Ce dernier marche sur des escaliers en se demandant s’il les descend ou s’il les monte.
Nous pouvons ajouter que le célèbre créateur des Simpsons et de Futurama, Matt Groenig est fan d’Escher. D’ailleurs, dans Futurama il lui a dédié une maison dans l’univers de Relativity avec plusieurs escaliers soumis à plusieurs gravités différentes. Dans Les Simpsons, Escher a été introduit avec le fameux running gag de l’arrivée dans le canapé du générique , où chaque personnage arrive par un escalier différent, soumis à une gravité différente. Escher apparaît aussi dans bien d’autres parties de la série animée avec des clins d’oeil plus ou moins visibles.
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Escher a grandement influencé la création de certains jeux mobiles, dans lesquels on reconnaît les mécaniques Escheriennes. Le premier exemple est une série de deux jeux, « Momument valley 1« et « Monument Valley 2« . Ces jeux mobiles sont sortis respectivement en 2014 et 2017. Ce sont des jeux d’aventure où l’on doit résoudre des puzzles réalisés à partir d’illusions d’optiques. On peut bouger les perspectives ou déplacer des parties du décor. Le second exemple est le jeu  » Fragments of Euclid » dans lequel l’hommage à Escher ne fait aucun doute. Dans ce jeu se trouve des espaces paradoxaux ainsi que l’esthétique monochrome et anxiogène que l’ont voit souvent dans les gravures et les lithographies d’Escher.
L’influence d’Escher se retrouve aussi dans l’industrie du textile avec la célèbre marque de streetwear new-yorkaise Supreme, qui a proposé en mai 2017 huit articles reprenant les travaux du graveur néerlandais.

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Culture savante
Durant sa vie d’artiste, Escher a montré un intérêt grandissant pour les sciences comme les mathématiques, la physique, la cristallographie et l’astronomie. Même si son attirance pour ces sciences est avant tout visuelle, Escher a marqué la culture savante de son temps et du futur.
Quel lien y a-t-il entre la musique de Jean-Sébastien Bach, les gravures du néerlandais Maurits Escher, et le célèbre théorème du logicien autrichien Kurt Gödel ? L’écrivain Douglas Richard Hofstadter va s’intéresser aux frontières entre sciences, arts et logique dans son ouvrage Gödel, Escher et Bach, Les Brins d’une Guirlande Éternelle.
Premièrement dans le répertoire de Bach, on peut écouter des fugues lisibles indifféremment dans les deux sens, ou répétant le même motif sous des formes toujours nouvelles comme avec les pavages réalisés par Escher. Le célèbre lithographe, nous a aussi laissé des images paradoxales de fontaines s’alimentant elles-mêmes, de rubans de Möbius infinis ou de mains s’autodessinant. De Gödel enfin, vient cet étrange théorème d’incomplétude posant une limite à la capacité des mathématiques à démontrer leurs propres théorèmes. « Autoréférence »  est ainsi le maître mot d’un récit, d’une grande liberté d’écriture. De dialogues en chansons, de Lewis Carroll à Magritte, de la biologie moléculaire à l’intelligence artificielle, l’auteur démonte les rouages logiques sur lesquels reposent les sciences actuelles. Cet ouvrage, passionnant mais d’une grande complexité a reçu le prix Pulitzer. Le titre de l’ouvrage est lui-même une autoréférence : les initiales de Gödel, Escher et Bach  « G E B » se retrouvent dans le sous-titre (Brins d’une Guirlande Éternelle), où elles sont volontairement typographiées en majuscules. Il est considéré par certains comme un ouvrage culte.
Il existe en fait de nombreux livres sur les travaux d’Escher. On peut citer par exemple His Life and Complete Graphic Work, Een Biografie, The Magic Mirror of M.C. Escher, M.C. Escher: Visions of Symmetry, Escher on Escher: Exploring the Infinite et bien d’autres ouvrages où est présent Escher.
Escher a eu aussi l’honneur d’avoir un astéroïde à son nom, nommé 4444 Escher en 1985. Ce fait met en exergue que dans la communauté scientifique, M.C.Escher est important et apprécié (par les astronomes dans ce cas).
Escher a touché la sensibilité de ses contemporains comme celle des générations suivantes grâce à ses œuvres intrigantes qui poussent à la curiosité et grâce à sa personnalité singulière. Ses citations ont une portée philosophique qui ont participé à toucher ses contemporains, montrant sa personnalité si originale.
Trois citation sont devenues célèbres :
“We adore chaos because we love to produce order”
Nous adorons le chaos parce que nous aimons produire de l’ordre.
 “He who wonders discovers that this in itself is wonder. “
Celui qui s’interroge découvre que c’est en soi une merveille.
 “I could fill an entire second life with working on my prints”
Je pourrais remplir une seconde vie en travaillant sur mes impressions.